gar wood

Témoignage humain :

La volumineuse mais courte coque blanche à pont vernis qui arbore sur ses murailles la prestigieuse signature Gar Wood et une date -1927- constitue véritablement une énigme. Tenter de la résoudre commence par quelques constations et divers hypothèses. Le chantier Gar Wood tient son nom du richissime industriel américain passionné de vitesse, Garfield Wood, l'homme le plus rapide du monde sur l'eau à partir de 1919 qui ne fut détrôné que par le britannique Malcolm Campbell en 1938. De 1916 à 1923, ses imbattables bateaux de course et de record furent construits par un certain Christopher Columbus Smith, plus connu comme étant le fondateur de Chris-Craft. En 1923, Smith abandonna la compétition pour se lancer dans l'aventure industrielle de la plaisance, menant ainsi Garfield Wood à créer son propre chantier, installé lui aussi dans le Michigan. Ses productions se limitèrent initialement aux machines de record Miss America de son propriétaire puis à des petites séries de runabouts de très grande qualité, construites et commercialisées sans souci de la rentabilité. Ses superbes canots, entre autres à trois cockpits, typiques des années folles, firent les beaux-jours de la riche société américaine du temps, laissée seule dans la Grande Dépression des années 1930 à la conquête des plaisirs et du luxe comme dans le roman de Scott Fitzgerald Gatsby le magnifique. Il y a un monde entre les limousines rutilantes de cette éternelle et impossible chasse à l'ennui et le bateau présent dans la collection. En effet, celui-ci apparaît très court par rapport à son imposant volume. Il est doté d'un accastillage très simplifié et exclusivement utilitaire comme des anneaux de levage et une imposant corne de brume. Sans pare-brise, il présente aussi une grande originalité par la position de son moteur entre les deux places avant. Ce moteur est, en plus, d'une marque très réputée pour la robustesse de ses productions destinées aux marines marchandes et militaires, la firme américaine Nordberg qui n'a rien de séduisant pour la plaisance. Sur cette unité, on trouve un groupe à soupapes latérales fonctionnant à l'essence, une rareté dans la gamme de cette grande firme spécialisée dans le diesel commercial pour les cargos. Les usines Nordberg n'ont commencé à proposer des moteurs à essence de ce type qu'à partir des années 1940 ce qui exclut donc que le moteur de Gar Wood 1927 puisse être sa dotation d'origine. A défaut de preuve tangible et du surgissement inopiné d'un indice inattendu, on se bornera à avancer que cet esquif pour le moins unique en son genre, à la manière d'un objet destiné à une production cinématographique, a pu servir d'annexe commandée spécialement pour équiper un yacht ne pouvant accueillir une unité plus grande à son bord. Son moteur à essence tendrait à confirmer l'hypothèse d'un engin à vocation, certes utilitaire, mais « de luxe » car qui, vêtu dignement comme un yachtman, accepterait de s'asseoir contre un vieux diesel cliquetant et mal odorant, projetant sa graisse sur des jambes de pantalons au pli impeccable ? Il reste à comprendre ici la présence étrange du nom Gar Wood sur une unité utilitaire, peut-être à attribuer à une volonté d'hommage posthume à une grande gloire des années 1930.

Témoignage technique ou conceptuel :

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Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :

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Autres éléments remarquables :

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Chronologie :

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Site internet :