IDENTIFICATION
Localisation
Caractéristiques
Description
Coque / à propos :
Réalisée à partir de la coque du cotre de Carantec LA JANE (1932, chantier Sibiril) : coque en stratifié polyester faite à la main, lest de 400 kg en plomb et lest extérieur de 300 kg collé et boulonné. Le gouvernail est en contreplaqué marine profilé, boulonné et collé à la mèche en inox. Très bon état.Pont et superstructures / à propos :
Pont ouvert en teck. Très bon état.Pont et superstructures / état actuel :
Pont en teck de Birmanie en très bon état égalementGréement / à propos :
Gréement aurique en bois collé et vernis : mat avec rack à cabillots, bôme, bout dehors rétractable, corne et encornat gainé. Très bon état.Voilure / à propos :
Grand voile, génois, trinquette, flèche en dacron renforcé, identique au plan de voilure d'origine. marine traditionnelle. Surface de voile au près : 35 m2.Emménagements / à propos :
.Coffre avant et arrière. Très bon état.Emménagements / état actuel :
Moteur(s) / type, puissance, année :
Vétus diesel M2C5 8,1 KWIntérêt Patrimonial
Témoignage humain :
Le Billie Jane est le fruit de la passion d’un homme pour un bateau traditionnel, Pierre-Marie Bernard, patron du chantier Billie marine. Sont ici présentés de nombreux extraits d’un article sous forme d’interview de Dominique Bougeois, paru dans Voiles et voiliers en février 2014, qui résume la démarche de création de ce magnifique bateau à l’histoire étonnante :
“Le cotre de Carantec La Jane a été le premier bateau remis en état par Pierre-Marie Bernard à Morlaix, d’où il a tiré un moule pour construire des exemplaires en polyester.
P.M.B : Je voulais montrer que ce n’était pas le matériau qui faisait qu’un bateau était beau ou pas ! J’étais tombé amoureux des cotres de Carantec et celui-là avait été construit chez le «petit» Sibiril en 1931 pour le père de Jean Messager, qui était barreur du roi d’Espagne. C’était une tradition depuis le XIXe siècle : le patron des Hispania était toujours du Dourduff et les marins se cooptaient quand l’un d’eux était trop ancien ! La Jane – qui était le prénom de sa femme – servait à la pêche en baie de Morlaix, mais comme il se faisait vieux dans les années 70, il l’a vendu pour acheter une des premières Ombrine de Bénéteau, qu’il a appelé Billy comme le prénom de son grand-père. C’est pourquoi le bateau que j’ai tiré du moule s’est appelé Billie Jane !
v&v.com : Et qu’est devenu le cotre original ?
P.M.B. : Le jour de Noël, le propriétaire qui travaillait avec moi à la restauration de La Jane est mort. De mon côté, j’étais allé voir Cadoret, du magazine Le Chasse-Marée, pour lui expliquer ma démarche : un journaliste a fait un petit article et j’ai vendu mon premier exemplaire à un Brestois qui bossait dans la Marine marchande ! J’avais un client avant même de commencer… Par la suite, je n’ai jamais construit un bateau s’il n’y avait pas une commande d’avance – par philosophie et par nécessité financière : il faut de l’argent pour réaliser un moule et un premier exemplaire d’une petite série dont on ne sait pas si elle va marcher.”
Une quarantaine d’unités ont été construites. Seule une dizaine présentent le fameux pont ouvert en teck. La Fringante est, à ma connaissance, une des dernières unités navigantes. Elle témoigne de l’expertise et du savoir-faire traditionnel du chantier Billie marine et de la volonté de son fondateur, puis de sa fille, qui a repris la tête du chantier après le décès prématuré de son père, de perpétuer la navigation traditionnelle.
Témoignage technique ou conceptuel :
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Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :
Autres éléments remarquables :
v&v.com : Mais comment en es-tu arrivé à monter un chantier naval à Morlaix ?
P.M.B. : Mon père avait des bateaux et il m’emmenait naviguer. Quand je suis sorti de l’armée comme chasseur alpin, ça m’a sauté à la cervelle : je voulais construire des voiliers. J’ai donc fait la tournée des chantiers navals de Saint-Malo à Nantes, au mois de décembre, avec mon sac à dos et en stop… J’ai découvert plein de petits ateliers, plein de baies que je ne connaissais pas, plein de patrons de chantier :– encore aujourd’hui, ça m’est bien utile ! J’ai rencontré tout le monde du nautisme des années 80. Et, finalement, c’est Sibiril de Carantec qui m’a embauché le 1er février 1985, alors que je n’avais jamais vu une machine à bois de ma vie… J’avais vingt ans et mon bac, c’est tout.
v&v.com : Sibiril construisait surtout des bateaux de pêche…
P.M.B. : Mais aussi des bateaux-pilotes et des vedettes pour la SNSM. Je suis resté deux ans à travailler sur la Grande Grève avec une trentaine d’autres ouvriers. J’avais dans la tête de monter mon propre chantier un jour, et mon beau-père, qui avait une mine d’or en Amazonie, m’a proposé de le faire à Macapa, au Brésil : il y avait le bois à portée de main… Mais, au final, je me suis retrouvé une année dans la boue à chercher des pépites et à attraper la malaria ! Je suis donc rentré en France avec ma femme et mes deux enfants pour monter mon chantier à Morlaix.
v&v.com : Qui t’as appris la stratification polyester ?
P.M.B. : J’ai appris tout seul. En fait, quand tu es menuisier ou charpentier de marine, faire du plastique n’est pas compliqué. Il m’a suffi d’embaucher des gars qui savaient faire pour apprendre en quelques semaines. On a donc fait un moule sur ce cotre de Carantec qu’on avait préparé pendant des semaines : il ne fallait pas que j’abîme l’original ! Et ça a presque totalement raté : il a fallu tout re-poncer l’outillage, mais j’ai pu tirer 42 Billie Jane dedans. Et j’ai toujours le moule !
v&v.com : Et qui a pris en charge la construction ?
P.M.B. : Le chantier Dufour à La Rochelle. Il m’a construit sept unités la première année, six la deuxième. J’avais conservé la finition et la pose de l’accastillage et du gréement à Saint-Philibert, où je suis arrivé début 1991. En fait, j’étais passé voir Fred Guérin qui préparait sa traversée de l’Atlantique à l’aviron et je suis tombé par hasard sur un hangar libre que j’ai loué tout de suite. En 1993, j’ai rapatrié le moule pour construire sept nouveaux Billie Jane.
v&v.com : Tu as réalisé d’autres constructions ?
P.M.B. : J’ai récupéré la restauration d’une ancienne vedette des Douanes en bois moulé de 22 mètres pour un skipper qui voulait faire du charter au Spitsberg : il m’avait avancé 400 000 francs, puis 600 000 francs pour 1,5 million de travaux… J’étais planté financièrement ! J’avais alors quatre Billie Jane en cours de fabrication et huit employés : j’ai dû fermer la boutique. Mais en payant mes dettes parce que j’ai réussi à bien vendre le fond de commerce d’un hangar ! Mais je n’avais plus d’atelier – et des bateaux à construire…
Chronologie :
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