IDENTIFICATION

Année de labélisation : 2024
Renouvelé en date de :
Non renouvelé en date de :
Anciens Noms : Gino
Numéro de francisation :
N° Immatriculation : NIFP 000155
Quartier d'immatriculation : PA
Type, série, ou nom local : Taxi vénitien
Protégé au titre des Monuments Historiques : non

Localisation

Localisation (département) : 75
Port d’attache habituel : Paris
Chantier d’hivernage :

Caractéristiques

Genre : Fluvial
Usage à l'origine : Transport de passagers
Mode de propulsion (à l'origine) : moteur
Mode de propulsion (actuel) : moteur
Architecte :
Chantier constructeur : Fratelli Astolfo
Année de construction (ou mise en service) : 1982
Longueur hors tout : 9,20m
Longueur coque : 9,20m
Longueur flottaison : 8,70m
Largeur Maître bau : 2,30m
Tirant d’eau : 0,30m hors appendice, 0,70m avec appareil propulsif
Tirant d’air : 1,25m
Déplacement (tonnes) : 3,1

Description

Coque / à propos :

Le type de coque est typique des constructions de Venise, de ce qui est appelé "motoscafo tipo taxi", et la forme de coque est appelée en italien "la lancia", la lance. Une coque relativement effilée et dynamique dont le design a progressivement évolué depuis les années 30, mais dont les lignes globales sont restées les mêmes. La quille est en chêne, avec des membrures principales en pin et des membrures secondaires en acacia ployé. La coque est constituée de deux plis séparés par une toile encollée : le pli intérieur est en contreplaqué, et le pli extérieur est en acajou, avec des bordés qui courent en une pièce sur toute la longueur du bateau. Les deux plis sont fixés aux membrures par des rivets en cuivre rebattus. La forme de la coque est typique des bateaux que l'on appelle traditionnellement taxis vénitiens : une coque en V peu profond et semi-planante. L'état global est bon, mais le passage des ans commence à se faire sentir. Certaines réparations localisées seront à prévoir, voire le remplacement complet de certains bordés.

Pont et superstructures / à propos :

Pont et superstructures / état actuel :

Le pont arrière (compartiment moteur) est en contreplaqué acajou et en acajou massif, suivant les parties. Les plat-bords sont en acajou massif. Le pont avant est réalisé en deux plis, comme la coque. Il était à l'origine assemblé par rivets, mais suite à des travaux début 2021, il est désormais collé (sous vide). Les ponts et les superstructures sont en excellent état, suite à une réfection complète effectuée début 2021.

Gréement / à propos :

Sans objet

Voilure / à propos :

Sans objet

Emménagements / à propos :

De la proue à la poupe : Peak avant, accessible depuis le dessous du tableau de bord : plancher en contreplaqué posé sur des traverse. Les parois sont le pli intérieur de la coque, en contreplaqué brut, avec les membrures à vue. Très bon état. Poste de pilotage : l'accès au bateau se fait par cette zone, par de petits escaliers présents à bâbord et à tribord. Plancher en iroko huilé, vaigrages en acajou verni, tableau de bord en CP acajou, verni également. Deux sièges pivotants dans le poste de pilotage, sellerie en skaï bleu. Bon à très bon état suivant les parties. Cabine centrale : structure en pin, chêne et acajou, parties à vue en acajou verni. Banquettes en vis-à-vis en cuir bleu. Plancher en iroko huilé. Portes avant coulissantes, acajou verni. Portes arrières ouvrantes vers l'extérieur, acajou verni. Niches avec rangements de part et d'autre des portes avant. Très bon état. Poste arrière : banquette transversale en skaï bleu, vaigrages en acajou verni. Très bon état. Compartiment moteur : plancher intérieur en contreplaqué peint, structure du bateau visible à l'intérieur. Très bon état.

Emménagements / état actuel :

Moteur(s) / type, puissance, année :

Moteur actuel : Volvo Penta D3-130, 5 cylindres en ligne, diesel, 2017 Moteur précédent : Iveco AIFO 8061, 6 cylindres en ligne, diesel, 1982

Intérêt Patrimonial

Témoignage humain :

Témoignage technique ou conceptuel :

Histoire des taxis vénitiens Les "taxis" vénitiens (tous ne sont pas des taxis au sens commercial du terme) ont une longue histoire, qui commence à l'entre-deux guerres, et se poursuit encore aujourd'hui. Après la première guerre mondiale, l'essor du moteur à explosion offre aux Vénitiens la possibilité d'un nouveau moyen de transport qui fonctionne à la fois à travers les canaux de la ville, limités à une faible vitesse, et pour la lagune, bien plus étendue et où une bien plus grande vitesse peut être appréciée. Les premiers bateaux sont plus ramassés plus courts que ceux d'aujourd'hui, disposent d'un moteur à essence situé sous le pont avant, avec un appareil propulsif sur ligne d'arbre. Par conséquent, le pont avant est plus long qu'aujourd'hui, alors que le pont arrière ne comporte que le puits de barre et est donc beaucoup plus court qu'aujourd'hui, où le moteur est systématiquement placé à l'arrière. Certains ne disposent que d'une cabine, et pas de banquette arrière en extérieur. Encore aujourd'hui, l'administration régionale maintient une flotte de bateaux de ce type (immédiat après-guerre), même s'il sont devenus extrêmement rares. Dans les années 1950, la propulsion diesel se généralise, et d'une construction de coque exclusivement en acajou massif, le pli intérieur est peu à peu remplacé par un pli en contreplaqué. Petit à petit, les moteurs arrières sont plus fréquent, utilisant des V-drive. Dans les années 60, les lignes se font plus fluides, plus courbes. Bien que construit en 1982, le Murano reprend les lignes et techniques en vigueur dans les années 60-70, et constitue un témoignage de cette époque et des changements en cours. A la fin des années 70, le moteur arrière est désormais quasi-systématique, et les premières coques en polyester apparaissent, mais les superstructures et les ponts restent en bois. La forme des coques évolue également quelque peu : l'étrave devient un tout petit peu plus courte, plus "inclinée" qu'élancée ; le pont arrière est souvent un petit peu plus haut, en raison de l'adoption de Z-drive en place des V-drive. Les superstructures, aussi bien le pare-brise que la cabine, deviennent quant à elles un peu plus anguleuses, abandonnant progressivement les formes tout en courbes des années 60. La technique de l'assemblage des plis de la coque par rivets est progressivement abandonnée, au profit d'un assemblage à l'epoxy. Depuis les années 90, la plupart des taxis vénitiens sont de plus en plus souvent en fibre de verre, aussi bien pour la coque que pour la cabine, pour des raisons de coût et de facilité d'entretien. Seules les unités de prestige sont encore réalisées en bois. Bien qu'ayant des origines et une image relativement luxueuse, ces bateaux sont avant tout considérés par les Vénitiens comme des outils de travail. Les bateaux de la police et les ambulances sont exactement du même modèles, seulement adaptés à la marge pour leurs besoins. Et lorsqu'un taxi devient un peu vieux, plutôt que de se lancer dans des réparations coûteuses, ils en font construire un nouveau. C'est ce qui explique la disparition progressive de techniques constructives élégantes mais onéreuses et la disparition des anciennes unités. Mais aussi en parallèle, cette évolution a aussi assuré la pérennité d'un type d'embarcation qui, à travers ses différentes évolutions, approche désormais un siècle d'histoire. Le Murano n'est certes l'illustration que d'un moment au sein de cette lente évolution, mais il représente à notre sens le pinacle de la construction traditionnelle, avec ses deux plis rivetés et des bordés toute longueur. Quant à la ligne, les bateaux plus anciens sont certes très élégants, mais un peu plus trapus. Les suivants sont quant à eux plus carrés, moins dynamiques, et plus quelconques. Entre ces deux périodes, il y eu un moment où les lignes furent à la fois souples et effilées, extrêmement dynamiques mais aussi très douces. Parmi tous les taxis vénitiens que nous avons vu avant et depuis, le Murano nous semble rester ce qui s'est fait de plus élégant, l'illustration du moment où l'équilibre du design était le plus abouti.

Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :

Autres éléments remarquables :

Les bordés de Murano sont en acajou tranché massif, et d'un seul morceau sur toute la longueur de la coque, soit près de 10 mètres une fois développé. Aujourd'hui, il est presque impossible de s'approvisionner en bois de telles longueur, en raison du changement des méthode d'approvisionnement et de l'évolution des techniques constructives : les assemblages sont bien plus fréquents, de même que les collages à l'époxy, ce qui diminue d'autant la valeur de bordés d'un seul montant. Cependant, esthétiquement, le fait d'avoir une continuité

Chronologie :

Murano était autrefois le bateau de la famille Cenedese, verriers de l'île de Murano. La verrerie Cenedese a été fondée par Gino Cenedese dans l'immédiat après-guerre. Dans le contexte des transports dans la lagune de Venise, l'ancien "Gino" (du nom qu'il portait à l'époque) était donc l'équivalent de leur voiture. En le nommant "Murano", nous avons voulu rendre hommage à ce passé, à la tradition verrière de l'île de Murano, mais aussi à l'île elle-même, sur laquelle fut également construit ce bateau. Il a été acheté à Gino Cenedese, petit fils du fondateur de la verrerie par Philippe Fournié en mai 2008 à Murano, à 100 mètres de l'ancien chantier Astolfo où il a été construit. Depuis son achat en 2008, Murano à été l'objet d'un entretien constant et de nombreux chantiers. Il y a eu un très conséquent chantier initial (2009-2011), car le bateau était lors de son achat dans un état proche de la ruine, avec notamment le toit cassé et différentes parties pourries. Au delà de la rénovation du bateau lui-même, les aménagements intérieurs (sellerie et planchers) ont été intégralement refaits. En 2017-2018, un nouveau moteur a été installé, le précédent étant arrivé au bout de son potentiel (+ de 23000h). En 2021-2022, les ponts avant et arrière ainsi que le toit de la cabine ont été refaits à neuf, les ponçages successifs ayant réduit l'épaisseur de bois trop fine, ce qui compromettait l'avenir du bateau. Depuis 2011, les vernis ont été refaits tous les ans. Aucune modification importante n'a autrement été apportée à ce bateau, que ce soit à ses lignes, à sa structure, à sa coque ou à son aménagement.

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