IDENTIFICATION

Année de labélisation : 2023
Renouvelé en date de :
Non renouvelé en date de :
Anciens Noms : JULIE, PALLAS
Numéro de francisation :
N° Immatriculation : MT254824
Quartier d'immatriculation : MT
Type, série, ou nom local : Barquette marseillaise
Protégé au titre des Monuments Historiques : non

Localisation

Localisation (département) : 13
Port d’attache habituel : CARRO
Chantier d’hivernage : Port à sec : Port Maritima - 13500 Martigues

Caractéristiques

Genre : Maritime
Usage à l'origine : Pêche
Mode de propulsion (à l'origine) : moteur
Mode de propulsion (actuel) : moteur
Architecte : Paul CACCIUTTOLO
Chantier constructeur : CHANTIER NAVAL CACCIUTTOLO Port Saint Louis du Rhône
Année de construction (ou mise en service) : 1966
Longueur hors tout : 6,50
Longueur coque : 6,00
Longueur flottaison : 6,20
Largeur Maître bau : 2,30
Tirant d’eau : 0,80
Tirant d’air : 1,80
Déplacement (tonnes) : 1,6

Description

Coque / à propos :

Type de construction : coque en forme et à bordés francs calfatés. Construction traditionnelle avec bordés en pin sur membrures en niangon. Le bateau dispose d’un arrière en cul de poule avec tube de jaumière et pale de gouverne en inox placé dans une crapaudine, spécifique de ce chantier et destiné à faciliter la pêche au lamparo. Quille droite d’une seule pièce. Lest : gueuses intérieures en fonte, sur paillols, environ 100 Kg Son pavois lui confère une muraille tulipée avec lisse de pavois de type « feuille bretonne ». Les bordés sont en pin et les membrures en Chêne Etat : TBE

Pont et superstructures / à propos :

Pont et superstructures / état actuel :

La charpente de pont a été réalisée avec un barrotage de chêne traditionnel avec des assemblages en queues d’arondes marines. Le pont est en première couche en contreplaqué CTBX tout Okoumé et latté en Iroko avec des lattes larges reproduisant le pont latté traditionnel. Joint en MS polymère noir sur calfat. Tout est neuf.

Gréement / à propos :

Néant

Voilure / à propos :

Néant

Emménagements / à propos :

Ils sont ceux d’une barquette traditionnelle avec une large et longue estive et 5 capots de pont permettant d’accéder à la cale, moteur et, grâce au panneau flush, au coffre avant. Une planche de bord reçoit les divers cadrans d’instrumentation, compas et interrupteurs (guindeau, éclairage,...). Des coffres latéraux permettent le stockage des équipements, armement...) et un entourage moteur avec panneaux d’insonorisation réduit le niveau sonore en navigation. Etat neuf

Emménagements / état actuel :

Moteur(s) / type, puissance, année :

Moteur Diesel YANMAR 3 cylindres 35 cv - 25,02 kw année 1979

Intérêt Patrimonial

Témoignage humain :

La barquette marseillaise appartient à une famille plus large de bateaux: les gourses niçoises, les rafiots toulonnais, les felouques génoises, les gozzi italiens. Rebaptisé « barchette » (de barchetta), ce bateau connut un énorme succès car il avait ‘avantage d’être léger et économique. Avec l’avènement du plastique et la fin du petit métier, ces embarcations de travail sont devenues des bateaux de plaisance. Quand on observe les courbes de la carène et le profil tulipé du pavois à l’avant on ne peut qu’être admiratif du charpentier qui a conçu et réalisé un tel chef d’oeuvre.

Ce génie et artiste est lui-même fils de charpentier de marine, descendant de métiers de pêcheur et de chantiers navals italien. C’est en 1840 que Thomas Cacciuttolo né à Procida, province de Naples, émigre en Algérie pour exercer le métier de pêcheur et épouse lrène Artiaco à Ténès. Ténès, ville portuaire, commune de Wilaya de Chlef au nord de l’Algérie et à mi-distance d’Alger (215 km à l’est) et d’Oran (230 km à l’ouest). Fin XIXe siècle, naîtra Paul, qui sous l’exigence de son père apprendra le métier de charpentier de marine. Ce dernier se marie avec Lucie et naîtra son fils également appelé Paul le 24/12/1939. Celui-ci arrêta l’école dès 14 ans et prit ensuite la succession du chantier. Il fabriqua durant sa vie des centaines de bateaux: barquettes, palangriers, lamparos et chalutiers.

Témoignage technique ou conceptuel :

Ce type de bateau connut un énorme succès car les barquettes étaient particulièrement fiables et adaptées à la navigation en Méditerranée et de ce fait, ont survécu à leurs ancêtres, notamment les bette.

La construction traditionnelle sans plan, à l’aide du gabarit de St Joseph, donnait le “Maître couple en bois plus le gabarit de la Quille”, indications à partir desquelles on pouvait tracer les couples du bateau. Les différences de formes viennent déjà de ce gabarit, donc du charpentier,car chaque famille (dont la famille Cacciuttolo) avait le sien et le transmettait de père en fils ( technique révolue).

Cette technique de traçage fait qu’aucune barquette n’est égale à une autre. Le charpentier Paul Cacciuttolo exécutait des constructions sur mesure pour son client, plus élancée si la barquette devait naviguer plus vite ou à la rame, plus ventrue si c’était pour transporter de grands filets, voire la famille. Esmeralda possède une coque élancée ( seulement 2,30 m au maître bau ) qui lui confère un grand esthétisme. Les barquettes marseillaises se reconnaissent à leur galbe, adapté à la navigation dans la baie Marseille ou de Fos. La longueur des barquettes était mesurée en pan ( environ 25 cm). Les membrures étaient sciées dans des bois tords. Les bordées classiques sont calfatées au coton. (technique révolue). Les Barquettes sont reconnaissables à leur “Capian” portant à son sommet les fameuses “JOUES” saillantes de part et d’autre, signature du charpentier. Le capian était considéré comme parfait lorsque vu de face il prenait la forme d’un oeuf (symbole féminin). C’est dans cet esprit que le capian d’Esmeralda a été redessiné et réalisé par le chantier Borg.
La connotation phallique du capian n’échappe à personne, il est symbole de virilité.

Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :

Une grande partie des barquettes marseillaises était à l’origine utilisée pour la pêche professionnelle. Elles sont aujourd’hui très majoritairement dédiées à la plaisance, surtout à la pêche de loisir, pour laquelle elles offrent une très bonne tenue en mer. De leur fonction originelle, la pêche, à leur fonction actuelle principale, la plaisance, les barquettes subissent la concurrence des bateaux en plastique, plus fonctionnels, plus puissants, et plus faciles d’entretien. Mais cette concurrence ne peut tenir longtemps lorsqu’on s’intéresse à la préservation du patrimoine maritime et des traditions des peuples de Méditerranée. Esmeralda est typiquement un bateau de pêche qui, grâce à la forme de sa carène tient parfaitement la mer encaisse les vagues latéralement en produisant un roulis pouvant atteindre une grande amplitude mais se repositionnent immédiatement sur le plan d’eau, car elle est particulièrement bien adaptée à une mer courte et cassante telle qu’on la connaît en Méditerranée.. Sa navigation est très agréable du fait de sa grande stabilité. Dans les maneuvres, le bateau réagit sainement et rapidement avec maniabilité, malgré ses 6,50 m de longueur. De faible tirant d’eau, se faufilant le long du littoral escarpé, elle est rapidement et facilement mouillée à l’abri.

Autres éléments remarquables :

La partie haute de l’étrave et le capian avant le chantier étaient dans un état de pourrissement avancé. Ils ont été remplacés par un ensemble étrave/capian en chêne dans un style traditionnel marseillais, pour la forme du capian notamment, prenant l’exacte forme d’un oeuf.

Les pièces composant le pavois (jambettes, bordés, lisses, plat-bord…) ont été réalisées à façon, sur mesure, puis assemblées traditionnellement, tel un immense puzzle et vissées avec des vis têtes fraisées inox 316L A4, puis masquées par des tapots bois d’essence correspondante, l’étanchéité du bordé est assurée par le calfatage des coutures à l’aide de coton.
L’étoupe est utilisée pour les râblures. La surface de la coque a été égalisée par ponçage puis enduite d’un enduit de lissage.

Le parti-pris était, puisqu’il fallait refaire entièrement le pont et le pavois, de mettre en valeur les essences de bois utilisées : chêne, niangon, hêtre et iroko. C’est pour cela que nous avons choisi de vernir le maximum d’éléments avec du Woodskin et non de les peindre. Le bateau sublime ainsi sa fabrication originelle en bois. (Voir photos du pont)

La barquette Marseillaise représente, aujourd’hui, un certain art-de-vivre et à ce titre fait partie intégrante de l’histoire et du patrimoine Méditerranéen. Esmeralda participe aujourd’hui à cette démarche en tant que patrimoine vivant revalorisé et en permanence à flot dans le port de Carro (13500 Martigues).

Le but de la restauration d’Esmeralda était triple :
– d’aider ce bateau à continuer à mener une vie active : pêche, promenade participation à des rassemblements nautiques
– de maintenir la tradition des métiers artisanaux : charpente, accastillage traditionnel, calfatage…)
– d’informer le grand public sur son histoire et sa spécificité lors de manifestations ou fêtes votives.
Par ailleurs, ce bateau participe, comme ses homologues à un intérêt touristique indéniable, notamment auprès des visiteurs étrangers venus contempler ces bateaux avec curiosité.

Chronologie :

Malheureusement aucune rénovation ni entretien régulier pendant près de 10 ans. Il nous a fallu dès l’acquisition envisager une restauration complète du bateau. Le pavois le plat bord, les barrots, l’étrave, les préceintes, les serre-bauquières et le pont étant complètement pourris. Au départ conçue pour la pêche professionnelle au petit métier, Esmeralda a ensuite connu deux autres propriétaires qui l’ont utilisé pour le loisir et la plaisance : Alain Maraninchi (1999-2013) puis Roland Bagnon (2014-2020) à qui nous avons acheté le bateau en janvier 2020. Dès fin de la même année nous avons restauré les parties vives, révisé et repeint le moteur ainsi que l’intérieur de la coque. C’est en novembre 2022 que la restauration du pavois a été confiée au Chantier Borg, anse du Pharo à Marseille: changement du pavois, jambettes, pont, plat bord…

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