IDENTIFICATION

Année de labélisation : 2022
Renouvelé en date de :
Non renouvelé en date de :
Anciens Noms : V5
Numéro de francisation : 2798/406
N° Immatriculation : SM303435
Quartier d'immatriculation : SM
Type, série, ou nom local : vedette
Protégé au titre des Monuments Historiques : NON

Localisation

Localisation (département) : 69
Port d’attache habituel : Saint-Malo
Chantier d’hivernage :

Caractéristiques

Genre : Maritime
Usage à l'origine : Transport de passagers
Mode de propulsion (à l'origine) : moteur
Mode de propulsion (actuel) : moteur
Architecte :
Chantier constructeur : franco-belge Villeneuve-la-Garenne
Année de construction (ou mise en service) : 1951
Longueur hors tout : 19,48
Longueur coque : 18
Longueur flottaison : 18,48
Largeur Maître bau : 4,95
Tirant d’eau : 1,4
Tirant d’air : 3,8
Déplacement (tonnes) : 60

Description

Coque / à propos :

Coque en acier riveté, forme ronde avec quille, bateau de mer, coque en V d'origine. En état de restauration, changement des doublantes, sortie de cale prévue pour l'été 2022.

Pont et superstructures / à propos :

Pont et superstructures / état actuel :

Pont en bois de chêne très fatigué. Restauration prévue pour l'été 2022.

Gréement / à propos :

agrès : feux de navigation, feu de prou, de hune, de poupe, bâbord et tribord Bouées couronne Guindeau manuel avant ancre VHF jeu de rames motopompe engin flottant type bachot

Voilure / à propos :

néant

Emménagements / à propos :

Le bateau auparavant ouvert lorsqu'il effectuait la traversée entre Dinard et Saint-Malo et les excursions à Cézembre notamment était ouvert avec des bancs latéraux et sur tout le pourtour du bateau, à l'arrière, sur les plats-bords et le pont avant. Une fermeture a été créée vraisemblablement dans les années 70, certainement pour protéger les passagers du mauvais temps. Cette fermeture a été rallongée par son premier propriétaire, le peintre et dessinateur Gildas FLAHAULT, lors de son acquisition en 1999. Le second propriétaire, l'architecte Pierre-Henri ARGOUARCH, a aménagé un salon sur-mesure en bois ainsi qu'un plan de travail soutenu par la cheminée afin de conserver tous les éléments d'origine.

Emménagements / état actuel :

Moteur(s) / type, puissance, année :

Moteur Baudouin DK6 fixe, 6 cylindres, 120 CV, 66CV administratifs. Son démarrage se fait à air comprimé. Il est toujours doté de ses bouteilles d'origine. Il est en parfait état de fonctionnement. La salle des machines est munie de deux cuves de gazole de 1500 litres chacune, toutes deux reliées au journalier qui alimente le moteur en gazole.

Intérêt Patrimonial

Témoignage humain :

Lors de la vente de La Passagère I et sa soeur, Passagère II, par la compagnie Emeraude Lines lors de sa liquidation, le dessinateur, peintre et navigateur Gildas FLAHAULT, rachète mon bateau en 1999. C'est lui qui rallonge la pièce fermée et créé les puits de lumière sur le toit. Les archives de Saint-Malo contiennent des photographies de mon bateau amarré à Douarnenez datant de 2003, où M. FLAHAULT en est toujours le propriétaire. L'architecte Pierre-Henri ARGOUARCH rachètera le bateau et fera les aménagements intérieurs comme le salon sur-mesure ainsi que les lits en bois dans la cabine arrière, faits également sur-mesure par des mariniers.

Témoignage technique ou conceptuel :

Le bateau est doté d'un pont en bois de chêne toujours d'origine, dont le bordé classique semble révolu aujourd'hui. Il fut conçu en 1951 aux chantiers navals franco-belges de Villeneuve-la-Garenne Seine, qui fait partie des trois premiers chantiers navals fondés, (1918), après les chantiers Vandenbossche (1898) et les établissements Rarchaert (1880). Les chantiers navals franco-belges ont notamment construit des péniches pour l'exposition des arts décoratifs de 1925 et lancé le premier convoi poussé fluvial d'Europe. Reconvertis en Chantiers navals de haute mer, ces ateliers assemblent 100 remorqueurs de pleine mer, mais aussi le voilier de Jean-Louis Etienne, L'Antartica, et le plus grand trois mâts de croisière du monde, Le Ponant. Le bateau est doté de quatre cloisons étanches avec assèchement individuel possible de chaque compartiment par turbine, une vraie nouveauté en termes de sécurité pour l'époque. Nous détenons peu d'information au sujet de la conception du bateau, les plans ayant été perdus par les chantiers lors des nombreuses crues. Les deux Passagère étaient toutefois connues en Bretagne pour leurs lignes spécifiques. Elles étaient notamment surnommées les Blockhauss par les marins, habitués aux lignes plus élégantes des vedettes blanches construites à Hambourg à cette époque. Bateau à passagers, cette vedette contient toujours son moteur d'origine, ses bouteilles de démarrage à air comprimé, ainsi que ses deux cuves de gazole de 1500 litres chacune, et de nombreux éléments de navigation. La salle des machines est totalement d'époque et n’a subi aucune modification, hormis la mise aux normes de l’électricité. Le pont arrière est toujours doté des bancs déjà existants pour les passagers lors des traversées. Les bancs reliant les coursives au pont avant ont été supprimés lors de la vente du bateau en plaisance, mais une remise en place des bancs sur le pont avant est prévue. La structure du bateau, sa barre, la cheminée, les échelles et ses quatre cloisons étanches sont toujours présentes. Hormis le rallongement de la pièce fermée par le premier propriétaire plaisancier du bateau, aucune autre transformation n’a été faite par la suite, à l'exception de la timonerie et l’installation de quatre hublots dans une cabine. La timonerie a été sciée par les anciens propriétaires afin de passer les ponts pour descendre jusqu'à Lyon. Sa restauration est en cours à l'identique, selon le modèle de sa soeur, La Passagère II, amarrée sur le Rhône à Lyon et toujours dotée de sa timonerie d'origine.

Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :

Deux vedettes, N°5 et n°6, futures Passagère I et II, sont sorties des chantiers navals pour faire la traversée Dinard-Saint-Malo, mais aussi les excursions en Rance, au Cap-Fréhel et aux îles Chausey. La vedette n°5 appartenait, comme sa soeur, à la SA BCE fondée en 1904, les Bateaux de la Côte d'Emeraude, en tant que bateau à passagers. Elle est renommée La Passagère I lors de son passage au pavillon d'Emeraude Lines vers 1988, et sera vendue en tant que bateau de plaisance lors de la liquidation de la compagnie, vraisemblablement en raison de la construction du barrage de la Rance ayant fragilisé son activité. Elle effectuera les traversées jusqu'à sa vente en 1999. La Passagère I connaîtra quelques transformations physiques lors de ses années de travail, notamment la suppression de son toit avant et la création d'une pièce fermée à l'arrière. Les nombreux articles et photographies, fournis pour la plupart par les archives de la ville de Saint-Malo, témoignent du caractère historique de cette vedette en tant que bateau de travail ayant effectué ses nombreuses traversées durant plus de 40 ans jusqu’à sa vente en 1999. Il semblerait que 4 Passagère aient existé. La Passagère est à l'origine un bateau en bois racheté d'occasion par les Vedettes vertes. Sauvé après la guerre pour faire Cézembre, son épave est aujourd'hui à Quelmer. Puis, les vedettes n°5 et 6, renommées La Passagère I et II lors de la naissance-fusion d'Emeraude Lines, sont les seules copies parfaitement identiques. Nous avons retrouvé des éléments sur une Passagère III, renommée "P'tit corsaire" en 2008, qui effectuait encore la traversée après sa rénovation pour être vraisemblablement vendue plus tard à une compagnie italienne. La Passagère I demeure la seule des quatre bateaux n'ayant subi aucune modification structurelle à ce jour.

Autres éléments remarquables :

Une autre vedette de la même compagnie, nommée AB1, et sensiblement apparentée à La Passagère au regard de ses lignes, est classée monument historique à titre d’objet le 6 septembre 1993 et renommée Commandant Jean O’Neill depuis sa restauration et sa remise à l’eau en 2016. La Passagère I et II ont également tenu un rôle dans le film français Conte d’été, réalisé par Éric Rohmer en 1996. Ce film fait partie du cycle des Contes des quatre saisons et fut présenté lors du festival de Cannes de 1996 dans la catégorie « Un certain regard ». Le film commence sur le bateau lorsque Gaspard, Melvil POUPAUD, arrive à Dinard pour ses vacances. On l'aperçoit également lors de son départ à la fin du film, où il quitte la ville sur La Passagère, à 01,46,00 minutes. La passagère I embarquait les passagers des paquebots qui s’amarraient à l’entrée de l’estuaire de la Rance et se chargeait de les ramener à terre, comme l’atteste la photographie d'un article paru en 1984, avec le prestigieux Mermoz en arrière-plan, démoli en 2018 sur les plages d’Alang en Inde.

Chronologie :

A la suite de son achat par la SA BCE, maison fondée en 1904 et fusionnée ensuite avec les Vedettes vertes pour devenir la compagnie de transport maritime Emeraude Lines, La Passagère est vendue en 1999 en tant que bateau de plaisance. Son premier propriétaire est le peintre Gildas FLAHAULT, qui rallongera la pièce fermée à l'arrière pour abriter la cheminée et créera les trois puits de lumière sur le toit. Quatre hublots ont été soudés dans ce qui correspond à la cale arrière par d'autres propriétaires. La timonerie a été changée et sciée ensuite pour sa descente jusqu'à Lyon où elle est actuellement amarrée sur la Saône. Une salle de bains a également été créée à l'emplacement des anciennes toilettes de l'époque. Aucune autre transformation notable n'a été faite par la suite. Au total depuis 1999, La Passagère I a connu quatre propriétaires différents, dont deux couples en copropriété jusqu'à mon acquisition en 2021. Le bateau a connu très peu de transformations. Son état conceptuel d'origine est respecté dans son ensemble. Des travaux de rénovation sont prévus pour la rénovation de son pont en bois en vue de le restaurer, la réfection de la timonerie à l'identique de l'original, ainsi que la restauration des éléments le nécessitant dans la salle des machines.

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