IDENTIFICATION

Année de labélisation : 2022
Renouvelé en date de :
Non renouvelé en date de :
Anciens Noms : néant
Numéro de francisation :
N° Immatriculation : 00000000
Quartier d'immatriculation : AY
Type, série, ou nom local : Canot à misaine de Bretagne Sud
Protégé au titre des Monuments Historiques : NON

Localisation

Localisation (département) : 56
Port d’attache habituel : Le Palais
Chantier d’hivernage : Chantiers de la Saline - 56360 Le Palais

Caractéristiques

Genre : Maritime
Usage à l'origine : Plaisance
Mode de propulsion (à l'origine) : voile
Mode de propulsion (actuel) : voile
Architecte : François VIVIER
Chantier constructeur : SKOL AR MOR
Année de construction (ou mise en service) : 2022
Longueur hors tout : 5.20m
Longueur coque : 5.20m
Longueur flottaison : 4.86m
Largeur Maître bau : 2.00m
Tirant d’eau : 0.76m
Tirant d’air : 5.80m
Déplacement (tonnes) : 0.6t

Description

Coque / à propos :

La structure longitudinale (étrave, quille, étambot) est en chêne, recouverte sur sa partie basse par une bande molle, Les membrures sciées simples sont en chêne, Les bordés en pin maritime sont à franc-bord et vissées sur les membrures, L’étrave est légèrement inclinée vers l’avant, Le tableau arrière à forte quête et le gouvernail sont en chêne. La barre de type « à capeler » est en frêne, La guirlande, les courbes et les violons sont en chêne, La coque est en parfait état.

Pont et superstructures / à propos :

Pont et superstructures / état actuel :

Le canot à misaine n’est pour ainsi dire pas ponté afin de ménager un maximum d’espace de travail pour le matériel et les manœuvres de pêche. Seuls subsistent une amorce de pontage à l’avant, un banc (finition huilée) et une plateforme légère à l’arrière. Cette dernière reçoit le moteur en puits et réserve une chambre. Les parties pontées sont en pin maritime, le banc quant à lui est en chêne. Le plancher est en pin maritime huilé. Le reste de l’intérieur est peint. L'ensemble est en parfait état.

Gréement / à propos :

Gréement traditionnel de canot à misaine : Le mât (5.85m de long pour une quête vers l’arrière de 7° environ) et la vergue (4.10m de long) sont en pin douglas. Pour les mêmes raisons qu’évoqué plus haut, la drisse, l’itague, la passeresse, l’amure, l’écoute, les erseaux et autres bouts sont en cordage polypropylène torsadé imitation chanvre, Les réas, palans et taquets ont été réalisés de manière traditionnelle pour l’occasion et sont en chêne et/ou frêne. D’autre part, le navire dispose d’un marlink permettant de raidir la misaine. Deux béquilles en chêne ont été réalisées pour permettre son échouage dans de bonnes conditions. Enfin, un croisillon a été réalisé pour réceptionner la vergue affalée, de manière à cabaner si nécessaire ou recevoir un taud. L'ensemble est en parfait état.

Voilure / à propos :

La voile de 16m2 de teinte ocre a été taillée dans le respect des techniques de coupe et de finitions traditionnelles par la Voilerie VOILAGIL de Questembert. Pour des raisons de praticité et de sécurité (résistance aux moisissures et poids) elle est en clipper canvas qui imite à la perfection la toile de coton. Elle dispose de 3 rangées de ris. La voilure est en parfait état.

Emménagements / à propos :

N’étant pas ponté, ce navire ne dispose pas d’aménagements intérieurs hors la petite chambre ménagée sous la petite plateforme arrière. Il est prévu que cette chambre reçoive la nourrice du moteur. Par ailleurs, une pompe manuelle double effet a été installée. L'ensemble est en parfait état.

Emménagements / état actuel :

Moteur(s) / type, puissance, année :

Le canot dispose d’un moteur hors-bord 6cv neuf de marque Suzuky et de couleur blanche. Il a été installé « en puits » de manière à le dissimuler au maximum dans la chambre arrière. Il est important de préciser ici que ce navire dispose également, dans le respect de la tradition, d’une paire d’avirons sur tolets et d’une godille réalisées sur mesure en frêne huilé.

Intérêt Patrimonial

Témoignage humain :

Le Palais, principal port de Belle Ile en Mer fut un port de pêche et de commerce connu et reconnu durant des siècles pour la qualité des navires de toutes tailles qui y étaient construits (canots, chaloupes, dundees,…), entretenus ou restaurés dans ses deux principaux Chantiers navals en fond de saline (Chantier Guillaume et Chantier Gallo-Conan). De plus est, il existait une Corderie renommée (la Corderie Ordronneau) située sur l’actuel Quai Albert Roussel. Elle équipa de nombreux navires des plus humbles aux plus emblématiques. Une voilerie existait également. Comme en témoignent des photos, gravures et textes, nombreux étaient les misainiers du Continent qui venaient en pêche et croisaient ainsi au large de Belle Ile. On sait que les chantiers en construisirent comme en entretinrent de nombreux. Une étude récente de la Société Historique de Belle Ile rapporte (cf Etats de la construction navale transmis en 1901) que les Chantiers Guillaume mirent cette année-là à l’eau 50 canots de 3 tx et moins quand, la même année, le Chantier Gallo-Conan en réalisa près de 80 de mêmes tailles. Sans compter les nombreuses unités de plus grandes dimensions (au total 154 bateaux) et les 78 embarcations réparées pendant le même temps. La Municipalité actuelle de Palais, soucieuse de renouer avec son patrimoine maritime, en ravivant la mémoire de ses habitants et en enrichissant les connaissances de ses visiteurs de passage, a entrepris des chantiers ambitieux. On peut citer par exemple la réalisation en cours de nouveaux espaces culturels et de mémoire insulaire. Dans ce contexte, la perspective de voir arriver et demeurer dans ses bassins un premier misainier tel que Gwennili, construit dans le plus grand respect des traditions architecturales, intéresse au plus haut point notre Municipalité. Elle a en effet décidé de réserver désormais aux unités reconnues comme patrimoniales une place de choix et immédiate dans son port. Une association va être créée en ce sens. Il est d’ores et déjà convenu que ce premier misainier, accueilli ainsi de la meilleure façon qui soit, permettra aux plus anciens de revivre une tranche de vie qui leur est chère comme aux plus jeunes de (re)découvrir les conditions de travail en mer de leurs aînés. Les écoles et collège auront la possibilité de visiter ce bateau qui sera naturellement équipé de manière traditionnelle (voile au tiers, avirons, godille, marlink, poulies havraises, béquilles,…) et de surcroît, à terme, d’un matériel de pêche à l’identique de celui qui était utilisé en son temps.

Témoignage technique ou conceptuel :

Construire à l’identique permet de réinterroger, pour mieux les comprendre et les sauvegarder, les constats initiaux qui ont présidé ensuite aux choix en résultant comme aux évolutions qui ont pu, par nécessité, intervenir au fil des ans ensuite. Cela concerne aussi bien la réalité socio-économique de la fin du XIXème et du début du XXème siècle, les modes de pêche existant, les sites maritimes exploités comme les outils de travail en découlant. Qu’il s’agisse du misainier en tant que tel, ses différents modes de propulsion traditionnels (voile au tiers, avirons, godille) comme de ses équipements de navigation et de pêche. Nous avons confié la réalisation de Gwennili (tel sera son Nom [hirondelle de mer en Breton]) à un Chantier naval qui travaille en ce sens. Tant par le choix des matériaux utilisés que par les techniques de construction traditionnelles employées. De plus, Skol ar Mor (basé à Mesquer-44), à l’instar de son fondateur, Mike Newmeyer, a développé avec son équipe de formateurs hautement qualifiés et les bénévoles experts qui l’entourent une approche pédagogique qui se fonde justement sur la dimension ethnologique. Pour les mêmes raisons, la réalisation du gréement et du taud a été confiée à l’Atelier Voileagil (Questembert-56) reconnu pour sa maîtrise des techniques traditionnelles en voilerie. Ainsi, loin de se limiter à la reproduction simple d’automatismes gestuels, il est ainsi bien question d’apporter à chaque futur charpentier de marine des réponses porteuses de sens, ancrées dans l’histoire de chaque unité construite. Pour toutes ces raisons, Gwennili en sera l’incarnation fidèle sur le plan patrimonial.

Témoignage événementiel ou d’une activité révolue :

Comme le rappelle l’association « La Misaine », le misainier dont il s’agit ici, appelé également canot à misaine, fut, durant la première moitié du XXème siècle, le plus répandu des petits bateaux de pêche côtière à voile et avirons de Bretagne Sud, principalement entre Douarnenez et Belle Ile en Mer. Robuste et manœuvrant, il était réputé pour sa bonne tenue en mer. Il pouvait être gréé et barré par un seul homme comme par plusieurs. A la sortie de la Guerre de 1939-1945, l’évolution des techniques de pêche, de construction et de déplacement (abandon de la voile au tiers au profit d’un moteur inbord) va très rapidement aboutir à son abandon. Grâce à la pugnacité de passionnés (professionnels et bénévoles), quelques exemplaires, souvent en mauvais état, vont être sauvés ou permettre la réalisation de répliques à l’identique pour leur redonner vie. C’est de ces derniers passionnés dont nous faisons partie. En tant que Bretons insulaires d’adoption (Marie Laure et moi habitons toute l’année à Belle Ile depuis notre prise de retraite en 2017) et marins de longue date, nous pensons avoir un devoir de mémoire à l’égard de nos Anciens, qu’ils furent marins pêcheurs, pilotes, scieurs, charpentiers, menuisiers, voiliers, cordiers, forgerons, calfats, ramendeuses, penn sardin,,…. Une population en effet qui tend à oublier son histoire et sa culture, comme la dimension patrimoniale qui en résulte, s’appauvrit sur le plan intellectuel et identitaire. Il lui est alors de plus en plus difficile d’être actrice du moment comme d’envisager le meilleur pour son avenir. La présence de ce misainier, croisant le long des côtes belliloises ou amarré au port, reposant sur ses béquilles à marée basse, sera une vigie attentive de notre patrimoine maritime breton.

Autres éléments remarquables :

Le Père Jaouen l’avait parfaitement compris. Tradition et actualité du moment vont de pair, loin de toute opposition. Encore aujourd’hui, sur Belle Ile, parce qu’éloignée géographiquement des ressources en formation et en emplois prometteurs d’avenir, trop nombreux sont les jeunes en rupture sur le plan scolaire, au chômage, qui s’interrogent sur leur devenir sur le plan professionnel. La difficulté à se loger ne fait que rajouter à une souffrance qui, sur le plan social, devient de plus en plus palpable. Les accueillir sur Gwennili le temps d’une balade ou d’une marée pourra permettre à certaines et certains de trouver sur cet équipement patrimonial les conditions d’un moment plus paisible, parce que rassurant et restructurant, loin des tracasseries et de la précarité du quotidien. Membres du réseau de parrainage de la Mission Locale du Pays d’Auray, nous pourrons ainsi favoriser des vocations, à commencer par le choix de se former dans un Chantier naval tel que celui de Skol ar Mor ou à d’autres métiers de la mer. Plus généralement, nous savons toutes et tous qu’une partie de plus en plus importante de la jeunesse d’aujourd’hui est en recherche d’authenticité et de racines ancrées déjà dans son histoire locale. La dimension patrimoniale de Gwennili, son rappel aux méthodes de construction et de navigation de ce début de XXème siècle y contribuera, à ne pas en douter. Pour autant, compte tenu de sa vocation sociale et de son lieu d’exploitation, nous nous sommes astreints à ce qu’il dispose d’équipements de sécurité contemporains dont un moteur hors-bord de 6 ch en puits (respectant par là-même la structure originelle) et une pompe de cale manuelle double effet ( sans compter naturellement le matériel de sécurité obligatoire pour ce genre de navire et son usage). Un autre usage de Gwennili sur le plan social pourra consister à proposer des sorties en mer à des personnes touchées par le cancer. Telle l’Association de Vannes « Faire face ensemble » qui s’y emploie depuis 1999. Nous savons que cette maladie touche plus particulièrement les personnes d’un certain âge. Leur proposer ce voyage dans le temps aura à ne pas en douter une vocation apaisante grâce aux souvenirs évoqués. Par ailleurs, depuis plus de 60 ans, Belle île a pris le parti d’un développement économique tourné pour l’essentiel vers le tourisme de passage et sédentaire. A tel point que le nombre exorbitant des touristes qui y séjournent temporairement chaque année a fragilisé son identité. Qui se souvient de ses activités traditionnelles dont l’agriculture, la pêche, le pilotage et la construction navale? Promouvoir cette approche patrimoniale commence à donner des idées à certaines et certains en matière de rediversification de l’économie insulaire. Une activité comme celle qu’a su développer avec grande intelligence Skol ar Mor à Mesquer pourrait aussi voir le jour sur cette île. Elle renouerait ainsi avec ses chantiers navals de renom et ses centres de formation aux métiers de la mer (il existait en effet deux Ecole de marine, à Port Hallan et Haute Boulogne). On comprend combien la reconnaissance patrimoniale de Gwennili favorisera ainsi ce redéploiement d’une économie insulaire plus diversifiée et en plus grande symbiose avec son territoire, son histoire, ses ressources locales et ses habitants. Enfin, qui dit mise en valeur de notre patrimoine maritime par l’arrivée de telles unités comme Gwennili et possiblement à terme la mise en fabrication sur l’île d’autres unités impose des conditions de fabrication et d’exploitation respectueuses de notre environnement. Là encore, les nouvelles générations nous rappellent de plus en plus souvent et à juste titre à l’ordre. Gwennili aura ainsi, par sa dimension patrimoniale, une place emblématique à tenir. Le bilan carbone sera exemplaire puisqu’au moment-même de sa construction, ce sont plus d’une dizaine d’arbres d’essences variées qui ont été plantés sur notre propriété (chênes, châtaigniers, frênes,…). Ceci, afin de renouveler le patrimoine forestier comme les concepteurs de navires en bois s’y engageaient autrefois pour les générations futures, tel Colbert et la gestion de la forêt de Tronçais. Par la puissance de son évocation patrimoniale, Gwennili et, nous l’espérons, les nombreuses autres unités traditionnelles qui seront ensuite accueillies au port de Palais, cette armada renaissante rappellera à chacun cette absolue et urgente nécessité de vivre en symbiose avec notre environnement.

Chronologie :

Nous sommes les premiers propriétaires.

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Site internet :

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